Tout savoir sur le clitoris et son anatomie : un grand oublié du plaisir féminin

Boudé par les hommes, souvent délaissé par les femmes, le clito est le grand méconnu du plaisir féminin. Il est donc grand temps qu'on lui redonne ses lettres de noblesse. Au féminin, le plaisir se conjugue avec ce minuscule organe – totalement absent du porno -voici le clitoris. Seul organe humain dont l'unique fonction est le plaisir sexuel, ce petit bouton d'amour passe trop souvent inaperçu !

Le clitoris, un sujet tabou dans notre société

«Plus de 80 % des femmes que j'ai interrogées ignoraient le mode d'emploi et l'anatomie de leur clitoris», c'est le triste constat effectué par Rosemonde Pujol, 89 ans, journaliste et résistance pendant la Seconde guerre mondiale et auteure de Un petit bout de bonheur Petit manuel de clitologie, un ouvrage entièrement dédié au clitoris et publié en 2007. Si les Grecs en connaissaient l'existence (le terme viendrait d'ailleurs de kleitoris, qui signifie petite colline), cet organe tombe dans les oubliettes de l'histoire au XVIIIe siècle, où il est accusé de provoquer l'hystérie et même certaines maladies mentales ! Alors qu'au Moyen-âge, « les sages-femmes […] caressaient le clitoris des femmes enceintes, car tout ce qui rendait la mère heureuse rendait l'enfant heureux, maintenant la grossesse, c'est : Ne faites pas ci, faites attention à ça » s'insurge l'écrivaine. Selon plusieurs médecins, les grands responsables sont, tout d'abord l'ère Victorienne, qui juge le plaisir féminin comme dangereux, puis Freud. Le père de la psychiatrie n'a, en effet, pas hésité à affirmer que seul le plaisir vaginal était important pour la femme, le plaisir clitoridien n'étant qu'un jeu enfantin ! Passons… Est-ce pour cela que les manuels d'anatomie ne contiennent qu'une minuscule (!) description du clitoris ?

« Ce sont des choses que je n'ai jamais apprises pendant mes trois années d'étude. Ou du moins, on n'a jamais élargi les leçons sur ce sujet », affirme une infirmière de 25 ans, interrogée par Rosemonde Pujol. Le son de cloche est le même chez Rebecca, une écrivaine, docteure et activiste américaine qui souligne : « En parlant avec des femmes de leur sexualité, je me suis vite aperçue que la raison principale pour laquelle elles sont déçues de leur vie sexuelle et que leur sexualité est définie par les hommes ! Ce que je veux dire, c'est que le sexe se concentre sur la pénétration, ce qui marche très bien pour les hommes, mais qui est loin d'être un succès garanti pour les femmes. » Peut-on donc espérer que, dans quelques années, les gros plans de pénis, omniprésents dans les films porno ne seront plus la seule mesure de la jouissance féminine ? On l'espère !

Le clitoris, plus de terminaisons nerveuses que le pénis

Et oui – navrée messieurs -, ce petit bouton d'amour compte entre 6 000 et 8 000 terminaisons nerveuses, soit deux fois plus que celles du pénis ! La partie visible, située au point de jonction supérieur de petites lèvres, mesure entre 2,5 et 4,5 mm de long et de 3 à 6 cm de large, et peut être stimulé avec les doigts, la langue, la queue ou des vibrateurs divers (certains étant même spécialement conçus pour titiller cette zone riche en sensations). C'est le célèbre tandem Masters et Johnson qui, le premier, a établi en 1992 que le clitoris ne se limitait pas à sa partie apparente : sa richesse s'étend bien plus loin! L'urologue Helen O'Connell qui travaille au Royal Melbourne Hospital est l'autorité suprême en matière de clitoris, elle n'a de cesse d'élucider les mystères de ce petit bijou orgasmique et a été la première à se pencher sur la morphologie exacte de celui-ci (ses travaux initiaux ont été publiés en 1998 dans la revue New Scientist). Elle a ainsi découvert que les terminaisons nerveuses de cette boule de bonheur s'étendent en suivant une forme pyramidale jusqu'à la paroi antérieure du vagin. Le « corps » du clito, qui se rattache à la partie extérieure, mesure environ 9 cm – soit une taille comparable à la jointure supérieure d'un pouce –, ses deux racines plongent le long de l'os du pubis de chaque côté de la vulve et de l'orifice vaginal, et ses nerfs sillonnent l'utérus, l'urètre, le vagin et la vessie. Pour elle, le clitoris est le point de départ du plaisir féminin, et le fameux Point G, qui ne cesse de faire couler de l'encre, en est bel et bien une sorte d'excroissance intérieure !

L'assurance d'avoir un orgasme en stimulant le clitoris

On comprend mieux, en lisant les résultats des recherches de Helen O'Connell, pourquoi le clitoris est, dans presque tous les cas, synonyme d'un orgasme. Comme le souligne Rebecca Chalker, «si les femmes comprennent comment le clito fonctionne, elles seront en mesure d'explorer leur sexualité et d'améliorer la qualité de leurs orgasmes. […] En plus, il leur fournit les moyens d'avoir des orgasmes multiples. » Car, à la différence des messieurs, les femmes sont multi orgasmiques… une supériorité incontestable ! D'après les dernières recherches scientifiques, le rôle du « siège du plaisir féminin » comme le qualifie Rosemonde Pujol est beaucoup plus important que d'assurer une simple jouissance. « Les capteurs neuronaux du clitoris (plus nombreux également que ceux des doigts, des lèvres ou de la langue), une fois stimulés, entraînent la libération d'une hormone de plaisir, l'ocytocine. Ce que m'ont dit les médecins, confie Rosemonde, c'est que grâce à cette hormone, le clitoris est un véritable moyen de survie pour femmes. » De surcroît, lorsqu'il est stimulé, il assure la lubrification du vagin et même le resserrement des parois, permettant des sensations plus précises et intenses lors de la pénétration.

Chaque femme est unique tout comme chaque clitoris

Si les grandes lignes du fonctionnement de ce bouton de rose – qui ressemble en fait à une poire – commencent à être connues, il ne faut pas oublier que chaque femme est unique. De ce fait, la taille, la forme et la localisation du clito ne sont pas figées dans le béton et varient d'une fille à l'autre. De la même manière, il n'y a pas de « recette miracle » pour en jouir. Certaines sont plus sensibles que d'autres et n'apprécieront pas un contact direct des doigts sur leur clitoris tandis que d'autres adoreront. Plusieurs préféreront un cunnilingus tandis que d'autres ne jurent que par leur vibrateur préféré. De l'avis de tous, il revient à chaque femme d'explorer son corps et de partager ses découvertes avec son ou ses amoureux. « Le clitoris est un organe poétique, car c'est l'un des rares à n'avoir aucune utilité productive. Il offre l'évasion, la douceur » souligne Rosemonde. « Le clitoris permet à la femme qui se trouve laide de se sentir belle. D'ailleurs, elle ne se sent plus du tout : elle flotte dans le bonheur. »